Le BPA : qu'est-ce que c'est ?
Le bisphénol A (BPA) est une substance de synthèse obtenue par réaction entre de l'acétone et du phénol. Créée au XIXe siècle, elle a été massivement utilisée dans le secteur industriel à partir des années 1960. Plus précisément, elle est employée sous forme de polycarbonate pour fabriquer divers produits en plastique rigide. Léger, résistant et durable, ce composé chimique s'est rapidement imposé dans la production de masse. Il sert également à la conception de papiers thermiques, ainsi que de résines époxy que l'on retrouve notamment dans le revêtement des canettes ou des boîtes de conserve, pour les protéger de l'oxydation. L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) l'a identifié dans de nombreux autres objets : les câbles, les récipients à usage alimentaire ou non, les encres d'imprimerie, les appareils électroménagers…
Des bouteilles aux tickets de caisse, en passant par les téléphones, les ordinateurs ou encore les ustensiles de cuisine, le BPA fait ainsi partie intégrante de notre quotidien.
Une substance potentiellement dangereuse
Si l'Anses s'est attachée à établir une liste plus ou moins exhaustive des articles contenant du bisphénol A, c'est parce que cette substance est aujourd'hui extrêmement controversée. En effet, à partir des années 2000, les scientifiques ont commencé à se pencher sur les effets qu'il pouvait avoir sur notre santé. Après de nombreuses études en laboratoire menées sur des animaux, ils ont conclu que cette substance présentait bien des effets cancérogènes. Néanmoins, compte tenu des différences entre les espèces, ils ont estimé que ces résultats ne pouvaient pas être transposés à l'homme.
Si le lien avec le cancer a été écarté, le BPA ne demeure toutefois pas inoffensif pour le corps humain. Les études ont effectivement montré que celui-ci avait des effets néfastes sur plusieurs aspects de notre métabolisme : le système immunitaire, la fertilité, le cerveau, le comportement ou les glandes mammaires se voient altérés par une exposition à cette substance synthétique et ce, même à très faible dose. Sa forte présence dans les objets animant nos vies a de quoi inquiéter les autorités. Aussi, après une expertise plus poussée au début des années 2010, l'Anses l'a classé en tant que perturbateur endocrinien, potentiellement toxique pour la reproduction et le développement de l'enfant.
Des recherches plus récentes s'intéressent également aux conséquences de ce composé sur l'environnement, en lien direct ou indirect avec notre santé. Du fait des déchets induits par les emballages plastiques qu'il compose, on en trouve maintenant dans presque toutes les espèces vivantes. Le BPA s'introduit dans les sols et les océans, provoquant sans doute des troubles au sein des écosystèmes, de la faune et de la flore. Son écotoxicité reste encore en débat, mais elle est avérée pour bon nombre de scientifiques. En tout état de cause, le bisphénol A est aujourd'hui considéré comme une substance extrêmement préoccupante par les autorités sanitaires partout dans le monde.
La mise en place d'une régulation préventive
Face à ces conclusions, des dispositions réglementaires ont été prises par les pouvoirs publics afin de limiter l'usage qui est fait du BPA. Il s'agit dès lors d'appliquer le principe de précaution pour tenter de réduire au mieux l'exposition de la population à ce composé, compte tenu des risques sanitaires qu'il présente. En particulier, les études scientifiques ont montré que c'est principalement par voie alimentaire que cette exposition se fait car la plupart des contenants, emballages industriels ou récipients en plastique, contiennent du bisphénol A. Par un processus de transfert, la substance chimique entre alors dans l'eau ou les aliments que nous ingérons lors de notre consommation.
Suivant les recommandations faites par l'Anses, une loi du 30 juin 2010 a alors suspendu la commercialisation des biberons produits à base de BPA, les nourrissons étant considérés comme particulièrement sensibles à son exposition. Par la suite, le 24 décembre 2012, une loi plus générale est venue interdire tout conditionnement, contenant ou ustensile qui en comporte, destiné à être en contact direct avec des denrées alimentaires. Non sans résistance des lobbys industriels, invoquant une entrave à la liberté d'entreprendre. Après un bras de fer serré devant le Conseil Constitutionnel, ce dernier a finalement estimé que cette loi ne pouvait concerner que les produits importés sur le sol français. Si certains producteurs ont intégré les mesures de précaution en développant des alternatives au bisphénol A, d'autres continuent ainsi de l'utiliser malgré les controverses dont il fait l'objet.
Les alternatives au bisphénol A
Afin d'impulser le remplacement du bisphénol A dans la production des contenants alimentaires, l'Anses a établi une liste des alternatives possibles à cette substance. Aussi, de nombreux fabricants ont développé des procédés innovants en ce sens. D'autres substances chimiques ont été mises point pour créer du plastique rigide par exemple. L'utilisation du verre et de la céramique a été également encouragée, même si ces matériaux sont plutôt lourds et fragiles. Ils se révèlent ainsi peu adaptés pour le transport : une gourde en verre dans un sac, en plus de peser un certain poids, risque de se briser au moindre choc. En outre, les composés les plus optimaux aujourd'hui sont le laiton et l'inox pour leur légèreté et leur résistance à la chaleur, et l'acier inoxydable pour sa sûreté et sa durabilité.